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«France Soir» : le tribunal de commerce prononce la liquidation

 

 

Le titre fondé en 1944 par Pierre Lazareff a finalement sombré. Le tribunal de commerce de Paris a jugé trop faibles les trois options de rachat.

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La version papier aura résisté 68 ans, la version web sept mois. La liquidation de FranceSoir.fr, version Internet du titre passé au tout numérique en décembre dernier, a été actée aujourd'hui par le tribunal de commerce de Paris. L'entreprise employait 53 salariés, dont 47 journalistes. Son propriétaire, l'oligarque russe de 27 ans Alexandre Pugachev, a jeté l'éponge en juin après avoir investi près de 70 millions pour le redressement du quotidien entre 2009 et 2012. Et le tribunal a rejeté les trois options qui auraient permis un rachat du titre au propriétaire.

La seule véritable offre de reprise émanait de Robert Lafont, PDG du groupe de presse Entreprendre. Il proposait d'investir 1 à 2 millions d'euros dans le titre, de garder six salariés dont deux journalistes écrivant et d'en embaucher 15 afin de relancer une version papier de «France Soir» en décembre 2012, sous la forme d'un hebdomadaire. Avec 30 à 35.000 exemplaires vendus 1,90 euro, le patron de presse estime que son investissement aurait été rentabilisé «vers la fin 2013». «C'est le numérique qui aurait pu relancer le support papier, et non l'inverse», soutient Franck Cartelet, élu du comité d'entreprise de France-Soir, qui a émis un avis négatif sur la proposition de Robert Lafont. Celui-ci juge cette décision «scandaleuse» et promet de «rebondir» en envisageant un achat de la marque.

La deuxième option présentée restait très évasive. L'ex-propriétaire du quotidien entre 2006 et 2009 Jean-Pierre Brunois a indiqué, oralement seulement, à un membre du comité d'entreprise de «France Soir» qui l'a contacté, qu'il pourrait racheter le titre. Il nécessitait pour cela d'une semaine de réflexion supplémentaire que le tribunal, qui n'a reçu aucune demande officielle, a refusée. Enfin, le site de e-commerce CardsOff proposait le rachat du titre pour 50.000 euros et l'embauche de 8 à 10 salariés. Mais il n'a déposé qu'une lettre d'intention en fin de semaine dernière, qui a été jugée hors-délai par le tribunal.

Lente agonie

Le quotidien fondé en 1944 par Pierre Lazareff a vécu une lente agonie. Les ennuis ont commencé dans les années 2000. Le titre, qui vendait 150.000 exemplaires en 1998, voit ses ventes divisées par deux en cinq ans. En 2006, Jean-Pïerre Brunois et Olivier Rey rachètent «France Soir» au Tribunal de commerce de Lille et y investissent 7 millions d'euros, sans succès. Les ventes tombent à 23.000 exemplaires en 2008.

Arrive alors un milliardaire russe proche de Vladimir Poutine, qui assure pouvoir relever le titre à coup de millions. Alexandre Pugachev n'y parvient pas. Dans un ultime espoir, il lance une version tout numérique et licencie 180 salariés en décembre 2012. Malgré des audiences en hausse, le site est jugé trop coûteux et Alexandre Pugachev l'abandonne.

«Pour les salariés c'est l'angoisse. Ceux qui ont retrouvé un emploi après le plan social de décembre se comptent sur les doigts d'une main», déplore Franck Cartelet, qui reste toutefois convaincu que le titre réapparaîtra «d'ici à plusieurs années, sous une forme ou une autre».



23/07/2012
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