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UMP : Guaino, un candidat sarkozyste sévère avec Fillon

Henri Guaino, le 5 juillet 2010.

"Le tête à tête [entre François Fillon et Jean-François Copé] m'énerve. J'en ai marre de l'entre soi des notables de la politique donc je suis candidat à la présidence de l'UMP", a expliqué Henri Guaino, lundi 3 septembre, au Monde. L'ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a décidé, à la surprise générale, de devenir le cinquième candidat déclaré à la direction du parti, après François Fillon, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire.

"Je ne retrouve pas mes valeurs – le gaullisme et le séguinisme – dans les autres candidatures. C'est ce qui m'a poussé à me lancer", indique le nouveau député des Yvelines, élu en juin. "A l'UMP, on est libéral, centriste... Mais l'idée que je me fais du gaullisme n'est pas représenté", regrette-t-il, sans développer pour autant ses idées. "Nicolas Sarkozy avait représenté une synthèse de pensée dans laquelle je me retrouvais", précise-t-il.

"JE N'AI RIEN PRÉVU" POUR LA COLLECTE DES PARRAINAGES

M. Guaino reconnaît lui-même qu'il ne devrait pas être en mesure de recueillir les 7 924 parrainages nécessaires pour valider sa candidature, d'ici au 18 septembre. "Je n'ai rien prévu [pour la collecte]. Il faut avoir conscience que je n'ai pas le temps de voir beaucoup de gens...", confie-t-il, affirmant cependant qu'il se présente pour "essayer de gagner".

L'annonce surprise de M. Guaino suscite une part de scepticisme à l'UMP : "Lancer une candidature à quinze jours du dépôt des parrainages, ce n'est pas crédible. Cela montre que Guaino se lance dans une aventure individuelle qui n'ira pas très loin", juge un responsable. "Cela n'a pas de sens de se lancer aussi tard. Une candidature, cela se prépare", renchérit un autre.

Avec sa candidature, M. Guaino entend "déverrouiller le système", jugeant "folle" la procédure de pré-selection des prétendants à la présidence du parti. "Il n'y a aucune élection où il n'y a que deux candidats", estime-t-il.

Son projet ? C'est le bilan du quinquennat et celui de la campagne de Nicolas Sarkozy. "J'ai passé cinq ans à défendre un projet donc on l'a, le projet. C'est celui que l'on a présenté aux Français. Je me place dans la continuité de la campagne présidentielle", indique-t-il.

"CANDIDAT POUR AFFAIBLIR FILLON"

M. Guaino affirme que son ticket "n'est pas encore défini". Lors du congrès des 18 et 25 novembre, les adhérents de l'UMP sont en effet appelés à élire pour trois ans, non seulement le président du parti, mais aussi un vice-président délégué et un secrétaire général.

Il jure par ailleurs ne pas avoir négocié avec les deux candidats déclarés, Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire, qui rencontrent des difficultés pour réunir les près de 8 000 parrainages nécessaires, ou avec un autre probable candidat, le maire de Nice Christian Estrosi.

L'ex-plume de M. Sarkozy assure qu'il ne faut pas voir la main de l'ex-chef de l'Etat derrière sa candidature. À la question : "Nicolas Sarkozy soutient-il votre candidature ?", M. Guaino rétorque : "Je ne réponds jamais à cette question ! Je ne vais pas dire : Je l'ai eu hier, on s'est dit ceci et celà..."

"Nicolas Sarkozy ne doit pas l'avoir dissuadé...", estime toutefois une source à l'UMP, où on part du principe que l'ex-chef de l'Etat verrait d'un bon œil la multiplication des candidatures pour qu'un prétendant à la tête du parti ne l'emporte pas nettement. "Guaino est candidat pour affaiblir Fillon", estime même un responsable du parti.

"PAS QUESTION DE CHOISIR LE CANDIDAT POUR 2017"

Plutôt conciliant avec M. Copé, M. Guaino se montre se montre assez sévère avec François Fillon, à qui il reproche de vouloir "faire une primaire présidentielle" avant l'heure.

"Il n'est pas question de choisir le candidat pour 2017. Le sujet, c'est de savoir ce que l'on doit incarner comme valeurs. Je m'opposerai de toutes mes forces à celui qui fera de cette élection interne une primaire pour la présidentielle", déclare-t-il. Avant de lancer un avertissement à l'ex-premier ministre, avec lequel il entretient des relations difficiles : "Celui qui sera choisi [pour la présidence de l'UMP] doit se mettre dans la tête que cela ne vaudra pas une désignation pour 2017 !"

M. Guaino reproche également à M. Fillon, qui est pourtant un ancien séguiniste comme lui, d'avoir assumé sa différence avec le sarkozysme. "Je vois bien que certains prennent leur distance avec la campagne présidentielle mais ce n'est pas cohérent. On ne va pas renier ce que l'on a défendu il y a trois mois", remarque-t-il.

Chez les fillonistes, la candidature de M. Guaino n'est pas officiellement accueillie avec mépris. "Toutes les voix fortes dans le débat sont les bienvenues", déclare Éric Ciotti, directeur de campagne de M. Fillon.

"Tout le monde a le droit de se présenter", abonde Laurent Wauquiez. Ce dernier, soutien de l'ex-premier ministre, ajoute : "J'ai de l'estime pour ce qu'Henri Guaino apporte dans le débat. On aura besoin de lui à l'avenir car il porte des idées intéressantes."

Soutien de M. Copé, le député des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, s'est montré bien plus sévère, en réduisant sur Twitter la candidature de M. Guaino à une volonté de "faire parler" de lui.



04/09/2012
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