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Peter Mandelson : « Le Royaume-Uni pourrait rejoindre une zone euro ayant retrouvé sa stabilité »

ECONOMIE ET POLITIQUE

PETER MANDELSON NUMÉRO DEUX DU PRÉCÉDENT GOUVERNEMENT TRAVAILLISTE

 

Le numéro deux du précédent exécutif travailliste britannique, aujourd'hui conseiller stratégique pour Global Counsel, estime, dans une interview aux « Echos » que la question de l'attachement de son pays à l'Europe se posera vraiment si la crise de l'euro est résolue.

P. Wolmuth/REPORT DIGITAL-REA
P. Wolmuth/REPORT DIGITAL-REA

Le numéro deux du précédent exécutif travailliste britannique, aujourd'hui conseiller stratégique pour Global Counsel, estime, dans une interview aux « Echos » que la question de l'attachement de son pays à l'Europe se posera vraiment si la crise de l'euro est résolue.

Un référendum sur l'adhésion du Royaume-Uni à l'Europe est-il devenu inévitable ?

A moyen terme, un référendum qui permettrait au Royaume-Uni de cimenter à nouveau son appartenance à l'Union européenne et de reconsidérer son attachement à la zone euro est à la fois inévitable et une bonne idée. Si une zone euro solide émergeait, cela changerait en effet fondamentalement la dynamique de l'Union européenne. Je crois que la Grande-Bretagne devrait alors décider si oui ou non elle veut participer à ce projet et un référendum serait nécessaire. En revanche, un référendum conçu comme une réponse panique de court terme au sentiment antieuropéen serait une erreur. C'est tentant pour certains conservateurs, notamment parce qu'une partie d'entre eux ne sont non pas seulement sceptiques mais hostiles à l'Europe. Mais leur leadership voit les choses différemment. Car cela diviserait le parti. Tout son agenda serait pris en otage par ce sujet. C'est ce qui est arrivé sous William Hague en 2001. Cela ne lui a pas réussi.

Etes-vous personnellement favorable à ce que le  Royaume-Uni adopte l'euro si la crise était résolue ?

Rester en dehors de la zone euro, alors que ce serait dans ce cercle que serait décidé la politique européenne, serait défavorable au Royaume-Uni. Nous perdrions notre influence sur le marché unique.

Est-ce que le Royaume-Uni pourrait devenir une autre Suisse en Europe, notamment grâce à la City, premier centre financier de la planète ?

Non, nous ne prospérerions pas de cette façon. Nous sommes peut-être un centre financier mondial, mais notre base et notre ancrage sont en Europe. Si nous devenions un centre offshore de l'Europe, nous serions marginalisés rapidement. Les décisions européennes ne seraient pas prises dans l'intérêt de la Grande-Bretagne ou de la City. Celle-ci ne peut rester un centre financier puissant que si nous continuons à influencer Bruxelles.

Certains pensent que sortir de l'Union vous permettrait de devenir le pays le plus probusiness en Europe...

Ils vivent sur une autre planète. Le centre de gravité politique du Royaume-Uni est tel que ce genre de politique ne serait pas accepté. Le pays s'est rapproché de ce « paradis libéral » sous Margaret Thatcher, mais elle a été désavouée depuis. Le New Labour a trouvé un équilibre différent entre les marchés et l'Etat, entre la protection sociale et la déréglementation. Cet équilibre tient encore. Aller au-delà et revenir à la philosophie de Margaret Thatcher serait suicidaire et le Premier ministre conservateur David Cameron le sait.

Pourquoi aucune personnalité de premier plan ne défend la cause européenne au Royaume-Uni ?

Le leader du Parti travailliste et le leader du Parti libéral-démocrate le font.

Pourtant, les travaillistes semblent prêts aussi à promettre un référendum aux prochaines élections...

Ah oui, vraiment ? Vous avez sûrement lu cela dans le « Sun » ou le « Times », le « Daily Mail » ou le « Telegraph ». Vous avez une image déformée de la Grande-Bretagne parce que vous lisez dans la plupart de nos journaux une propagande antieuropéenne continue. Murdoch a apporté ça au Royaume-Uni. Je ne nie pas qu'il a ses supporters. Mais si vous regardez les sondages, le peuple britannique veut rester en Europe.

Notamment depuis la crise du Libor, des patrons de banque américaine semblent juger que Londres est devenue très hostile aux banquiers...

J'entends beaucoup de propagande américaine. Wall Street aimerait bien que Londres décline ou voir la fin des banques d'investissement européennes ou la scission de nos banques universelles. L'Europe doit y penser à deux fois dans ses efforts de réglementation. Les banques doivent être mieux régulées, être plus petites, fournir un meilleur service, elles doivent changer. Mais elles ne doivent pas être fragilisées, car les affaires en Europe en pâtiraient.

Boris Johnson est le grand vainqueur des JO de Londres et est perçu comme le prochain leader conservateur...

Il y a beaucoup de désillusions chez les bailleurs de fonds des tories vis-à-vis de David Cameron, mais l'idée que la solution aux problèmes que rencontre la Grande-Bretagne serait Boris Johnson ne peut être qu'une blague. Bien sûr, les blagues sont le fort de Boris Johnson.



14/08/2012
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