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LONDRES Pourquoi tant de haine ?


Parties le 6 août 2011 d’un quartier de Londres, les émeutes se sont propagées dans la capitale, puis dans d’autres grandes villes. Une explosion de violence sans réel mobile politique, estime l’hebdomadaire britannique.

26.07.2012

 

Un graff emblématique de la contestation des JO, dans le style bien reconnaissable de Banksy.

Un graff emblématique de la contestation des JO, dans le style bien reconnaissable de Banksy.

Gwen Mcllree, la veuve d’un charpentier, vivait sur la London Road, à Croydon. En août dernier, sa maison a été incendiée et cette femme de 70 ans a tout perdu, y compris l’urne funéraire qui contenait les cendres de son mari. Elle a été très choquée, mais elle est surtout inquiète pour l’avenir de Croydon. “J’ai emménagé ici il y a quarante ans. C’était un quartier agréable. Aujourd’hui, il y a des graffitis partout et personne n’a l’air de s’en soucier.”Les émeutes ont pris tout le monde par surprise. Elles n’avaient, semble-t-il, pas de motif politique et n’étaient animées d’aucun désir de vengeance envers la police, mais avaient pour objectif principal le pillage . Elles ont fait boule de neige dans le reste du pays, mais c’est à Londres que se sont déroulés les deux tiers des événements. De nombreuses explications sont avancées. Une partie d’entre elles invoquent les conditions sociales. Certains accusent les politiciens, affirmant que le scandale soulevé par la révélation de leurs notes de frais a sapé la moralité publique. D’autres désignent du doigt les banquiers, soulignant que, si les gens ont le sentiment que la société est injuste, ils ne se plieront pas à ses règles.David Lammy, le député de Tottenham, estime que “nos cités, qui formaient des communautés de travailleurs, sont devenues des communautés de personnes sans travail dont plusieurs générations dépendent des prestations sociales et dont une minorité significative vit de la criminalité”. La commission officielle mise sur pied pour rechercher les causes profondes des émeutes a souligné l’impact des problèmes familiaux, ainsi que la nécessité de renforcer le caractère [des jeunes], “notamment par le biais de l’autodiscipline, de l’application, de la capacité à supporter l’absence de gratification immédiate et à accepter un temps de résilience après un échec”.Une deuxième série d’explications concerne les méthodes du maintien de l’ordre. “Les policiers ont laissé faire”, affirme Bushra Ahmed, qui a assisté à Croydon à l’incendie de la laverie automatique que son père avait achetée il y a vingt-quatre ans. Le rapport de la commission abonde dans son sens : “L’absence de présence policière et le fait que des policiers soient apparemment restés les bras croisés devant des comportements criminels ont choqué ceux dont les logements ou les commerces étaient attaqués.” La hiérarchie policière a reconnu qu’elle aurait dû déployer des effectifs dans les rues plus rapidement et en plus grand nombre.Une troisième série d’explications pointe du doigt les technologies. Le BlackBerry Messenger, un service qui permet aux utilisateurs de transmettre gratuitement des messages à tous leurs contacts, a été utilisé par les émeutiers pour appeler leurs amis à se joindre aux pillages. Comme dans le cas du “printemps arabe”, les forces de sécurité, qui jusque-là bénéficiaient de meilleurs moyens de communication, n’ont pu que constater le fait que la technologie avait fait basculer le rapport de forces en faveur de la rue.Un quatrième type d’explication dénonce l’environnement physique. Tim Stonor, de Space Syntax, un cabinet de consultants en urbanisme, souligne que la grande majorité des émeutes s’est déroulée à moins de cinq minutes à pied de l’une de ces déprimantes cités d’après-guerre que les conseils municipaux s’emploient depuis quelques années à démolir.Enfin, la cinquième série d’explications attribue la responsabilité des émeutes à Londres elle-même. “Les émeutes, c’est quelque chose de typiquement londonien”, estime ainsi Tony Travers, directeur de LES London, un centre de recherche de la London School of Economics. “La ville a connu des émeutes en 1809, 1816, 1830, 1866, 1886, etc. Comme la population de la capitale a augmenté de 1,5 million d’habitants au cours des vingt-cinq dernières années et que 2,5 millions de Londoniens sont nés dans des pays étrangers, dont certains se font la guerre, c’est un véritable miracle que cette ville soit aussi paisible qu’elle l’est.”

Carte de Londres



27/07/2012
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