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DANEMARK Un dernier pour la route ?


Oui, les Danois boivent trop – c'est ce que confirme une récente étude. Pour lutter contre ce fléau, il faut d'abord s'interroger sur la pression sociale qui fait de la consommation d'alcool un signe d'appartenance, estime le quotidien danois Information.

24.07.2012

 

Dessin de Boligan, Mexique.

Dessin de Boligan, Mexique.

Contexte

Selon une étude européenne, le Danemark est le pays qui compte le moins d'abstinents : 7 % de la population danoise n'a pas consommé d'alcool au cours de la dernière année. On estime à plus de 3000 (sur une population d'environ 5.5 millions) le nombre de Danois tués chaque année par l'alcoolisme. Et un décès sur la voie publique sur quatre est dû à l'ivresse au volant. Le traitement des maladies liées ce fléau coûte chaque année plus de 403 millions d'euros à la société. 

Nous buvons aux fêtes de famille, pendant les matchs de foot, lors des dîners romantiques. L'alcool est un symbole de la collectivité et de l'identité nationale. A quelqu'un qui refuse de boire de l'alcool, on rétorque : "Allez, tu peux bien prendre un petit verre." Alors que, en réalité, il remet la collectivité en question.

L'essentiel, c'est de préserver les traditions, et l'alcool en fait partie. D'où la véritable pression sociale en faveur de sa consommation. Les abstinents menacent cette idée – par conséquent, faisons front contre eux, et défendons notre collectivité en avalant une bière de plus.

Vue sous cet angle, notre culture est souffrante – l'alcool est un poison que l'on peut acheter partout. Qu'on boit partout. Et qui rend nombre d'individus malades.

Peut-être faudrait-il, sinon interdire l'alcool, du moins le soumettre à un contrôle sérieux, comme on l'a fait avec succès pour le tabac. Mais l'alcool est ambigu, c'est un poison en même temps qu'un stimulant. Si le dosage est bon, il peut dissiper les inhibitions et nous faire dépasser nos limites. Un stimulant qui peut tout simplement être agréable, savoureux et amusant, ce que savent probablement la plupart des Danois.

C'est aussi un stimulant qui peut nous aider à oublier la censure. Quand on boit, le monde change. Après avoir bu, on aura peut-être appris quelque chose. C'est comme le carnaval – on se déguise et on fait l'idiot afin de se distancier du quotidien. On recherche les extrêmes pour se changer les idées. Donc, quand les autorités de la santé – appuyées par toutes sortes d'organisations – lancent des campagnes unidimensionnelles sur les dangers de l'alcool, elles ignorent sa fonction de stimulant.

Il peut y avoir de bonnes raisons d'arrêter de boire, mais par quoi allons-nous remplacer l'alcool pendant les fêtes de famille, les matchs de foot, les dîners romantiques ? Le vrai défi est là. Non seulement pour les patients dans les nombreux centres de désintoxication, mais aussi pour beaucoup d'entre nous.

Quand "la dernière bière est bue", il y a un vide qu'il faut remplir, et cela exige un changement de culture. Stigmatiser l'alcool et se concentrer sur les dommages n'est pas constructif si l'on veut enclencher un pareil bouleversement. Il serait judicieux de mettre fin à la pression sociale qui pousse à boire, et beaucoup auraient intérêt à "baisser la flamme". Mais si on l'éteint complètement, l'eau cessera de bouillir. Là est la dualité de l'alcool : à la fois stimulant et poison. Il y a de bonnes raisons de le stigmatiser. Mais il y a également de bonnes raisons de lui rendre hommage.



24/07/2012
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