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Le printemps arabe trouble le dialogue avec l'islam

jeudi 19 juillet 2012
 

 

Entretien

Vous qui vivez depuis quatorze ans au Caire, quel regard portez-vous sur le printemps arabe ?

Malgré les craintes légitimes suscitées par l'arrivée au pouvoir des islamistes, ces révolutions ont permis au peuple d'accéder à la liberté. Ces pays font aujourd'hui l'apprentissage de la vie politique, du débat démocratique. Le jugement de l'Occident est un peu sévère. Ma véritable crainte vient de la montée des mouvements extrémistes tels que les salafistes, et de leur volonté de contrôler des ministères clés, comme l'Éducation en Égypte.

En Égypte, les coptes ont-ils à craindre l'arrivée au pouvoir des islamistes ?

Les 7 à 8 millions de coptes ¯ 10 % de la population égyptienne ¯ ne sont pas persécutés, mais plutôt discriminés. Ils n'accèdent que rarement aux postes à responsabilité. Les coptes sont inquiets, mais ils ont eux aussi l'opportunité d'être plus présents dans la vie politique. Ils doivent rompre avec la mentalité de ghetto qu'ils entretiennent un peu. Et doivent éviter l'exil intérieur.

Quelle est la finalité du dialogue interreligieux ?

Être à l'écoute de l'autre. Nous vivons ensemble, héritier de différentes traditions religieuses, mais avec un même but : chercher Dieu pour donner un sens à la vie. Il y a donc quelque chose à entendre de l'autre, car il n'existe pas de monopole du chemin vers Dieu.

Ce dialogue est-il toujours vivant ?

Il a été très vivace après Vatican II. Aujourd'hui, il traverse plutôt une mauvaise période. Avec une tentation générale du repli sur soi qui touche aussi les religions. La situation géopolitique s'est tendue. Occident et Orient se tournent le dos. En Europe, les thèmes xénophobes des extrêmes droites progressent. Le rejet de l'autre prédomine sur le goût de l'autre.

Le pèlerinage de Vieux-Marché deviendrait-il une curiosité ?

Il fait partie de ces flammes symboliques du dialogue interreligieux qu'il faut entretenir. Le contexte n'est certes pas favorable, mais il faut tenir bon. Ce pèlerinage fait partie de ces rendez-vous qui nous aident à rester confiants. Sans être naïfs.



19/07/2012
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