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Le gouvernement amorce le virage de la rigueur

Le gouvernement amorce le virage de la rigueur

parue dans le journal Ouest France le mardi 03 juillet 2012
 

 

La Cour des comptes voit en 2013 une année « cruciale » car il faudra trouver 33 milliards pour tenir l'objectif de réduction des déficits.

Situation « préoccupante ». La situation financière de la France en 2012 est « manifestement préoccupante, même si le redressement a été engagé en 2011 », a dit, hier, Didier Migaud, le président de la Cour des comptes, dans son allocation à l'occasion de la remise du rapport de 250 pages sur la situation et les perspectives des finances publiques. Le retour à l'équilibre des comptes est une « absolue nécessité », a-t-il poursuivi. Les objectifs sont connus : le gouvernement veut réduire les déficits de 5,2 %, en 2011, à 4,4 % en 2012, puis à 3 % en 2013. Pour atteindre l'équilibre en 2016 ou 2017.

Pourquoi faut-il agir vite ? Parce qu'« un risque d'emballement de la dette ne peut être écarté », prévient Didier Migaud. La France se retrouverait dans l'incapacité de se financer. Sa crédibilité serait remise en cause, elle serait toujours plus dépendante des marchés financiers et incapable de « peser efficacement sur la scène européenne renforcée ». Fin 2011, la dette du pays atteignait, fin 2011, 90 % de la production de richesse. Soit un montant de 1 717 milliards d'euros. Concrètement, cela signifie que chaque ménage français est endetté à hauteur de 62 000 €.

Il faut trouver 6 à 10 milliards pour 2012... La Cour a identifié, pour l'année en cours, des risques de « trous » dans le budget. Côté recettes, entre 6 et 10 milliards pourraient ne pas rentrer comme prévu dans les caisses de l'État. La faute à des prévisions trop optimistes de la précédente équipe. La faute, aussi, au ralentissement de la croissance. Côté dépenses, en revanche, rien d'inquiétant. Elles pourraient être supérieures de 1 et 2 milliards d'euros à celles prévues, sur un total de 275 milliards, mais « un tel niveau de risque ne se démarque pas de ceux couramment identifiées en cours d'année », remarque Didier Migaud. Restent les comptes sociaux, qui ne présentent pas de risque grave de dérapage. La Cour s'inquiète tout de même de l'évolution des comptes de l'assurance chômage, car le marché de l'emploi est en berne, et aucune éclaircie ne s'annonce.

... Et 33 milliards pour 2013. 2013 sera une année « cruciale » et « décisive ». Et la marche « plus haute que les années précédentes ». Dans l'hypothèse d'une croissance de 1 % en 2013 (après 0,4 % en 2012), la juridiction des comptes estime qu'il faudra trouver 33 milliards d'euros. En cause notamment, outre la faiblesse de la croissance (et donc des rentrées dans les caisses de l'État), deux contentieux perdus par l'État devant des juridictions européennes qui auront « un impact budgétaire important sur plusieurs exercices ». Il pourrait en coûter près de 5 milliards d'euros sur l'exercice 2013 (et 1,75 milliard d'euros sur 2014). 33 milliards ? C'est beaucoup, mais, souligne Didier Migaud, cet effort est « de même ampleur que celui que la France a réalisé (entre 1994 et 1996) pour entrer dans l'Union monétaire en 1997 ». Mais la conjoncture était meilleure. Concrètement, cela signifie qu'il faudra augmenter les impôts de 16,5 milliards l'an prochain, et freiner de 16,5 milliards les dépenses. À la fin de cette année 2013, si l'objectif de réduction des déficits est atteint (3 % du PIB), le pays pourra dire « ouf ». Près des 3/4 des efforts à faire depuis 2010 seront réalisés.



12/07/2012
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