Pris à la gorge par la sécheresse, les éleveurs américains ont besoin d'aide. Le président Barack Obama, candidat à sa réélection, l'a bien compris, qui a annoncé le 13 août un programme d'achat de viande pour un montant de 170 millions de dollars. L'objectif est de tirer les prix vers le haut et de soulager, ne serait-ce que temporairement, le secteur agricole, très durement touché par le manque d'eau et les températures record de cet été.
Les stocks de fourrage sont au plus bas et le prix du maïs destiné aux animaux a flambé de 63 % depuis juin. Les bêtes ont faim et, par conséquent, sont soit abattues par leur propriétaire qui ne peut plus les nourrir, soit vendues rapidement à un prix peu intéressant du fait de leur faible poids. Et les cours de la viande baissent d'autant plus que sa quantité augmente sur les marchés.
A l'heure actuelle, plus de la moitié des Etats américains ont été déclarés en situation de catastrophe naturelle par le ministère de l'agriculture. Tous les voyants des matières premières sont au rouge sur les marchés : seul le bétail connaît, depuis les annonces de Barack Obama, une légère accalmie. Mais pour combien de temps ?
UN "FARM BILL" DANS LES TUYAUX DU PARLEMENT
Pour certains fermiers, l'aide du gouvernement arrive à temps, pour d'autres il est déjà trop tard. Car le programme d'achat annoncé par Washington n'est qu'un pansement. En l'absence de nouvelles mesures d'aide à l'agriculture, l'actuel "Farm bill", entré en vigueur en 2008 pour cinq ans, expirera sans suite à la fin de l'année. Or, l'opposition parlementaire entre républicains et démocrates bloque actuellement le passage d'un nouveau "farm bill", d'un montant de 30 millions de dollars, destiné à octoyer des subventions supplémentaires pour faire face aux conditions climatiques exceptionnelles de cette année.
De son côté, le ministère de l'agriculture (USDA) tente de trouver des solutions pour ouvrir des terrains supplémentaires aux bêtes en quête de pâture et faciliter l'accès des troupeaux à l'eau. Selon les chiffres du ministère, cités par le Wall Street Journal, les prévisions de récolte pour le fourrage sont de 120 millions de tonnes cette année, mais ce chiffre pourrait être largement revu à la baisse, plus de la moitié des producteurs de foin se situant en zone de sécheresse. Le peu de stock qu'il reste s'échange au prix fort : 250 dollars la tonne contre 130 dollars en temps normal.
Côté consommateur, l'afflux de viande bon marché sur les étals est plutôt une bonne nouvelle. Le ministère de l'agriculture a revu l'augmentation des prix du bœuf à la baisse (- 0,5 %). D'ici à 2013, le prix du bœuf pourrait baisser de 5 %. L'armée a même fait savoir qu'elle profiterait de cette détente des prix pour augmenter ses stocks.
Le nombre de têtes de bétail n'a pas été aussi faible aux Etats-Unis depuis 1952.