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De l’or en politique, au repêchage en économie

 

 

 

Avec l’adoption définitive du collectif budgétaire, c’est ce mardi soir la fin de la session parlementaire d’été. Pas loin de 80 jours se sont écoulés depuis que François Hollande a franchi la grille et a marché sur le gravillon de la cour de l’Elysée. S’il est difficile de dresser un bilan économique, on a quand même envie d’essayer de résumer les choses.

-  Premier point : une habileté, un talent, politiques indiscutables – on peut même dire qu’ils laissent pantois ; sans oublier la chance, qui l’a conduit hier encore à être présent à Londres le jour où les athlètes français décrochent trois médailles ! La chance, c’est du talent ...
-  Second point : sur le contenu de l’action elle-même, ce qui reste est quand même davantage voire seulement la volonté de se démarquer de Nicolas Sarkozy, de façon systématique et presque millimétrée, que celle d’imprimer sa propre marque. Cela veut dire qu’une rentrée de construction devra suivre un été de déconstruction.

Habileté politique sur les sujets économiques… François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont mis en œuvre presque tout ce qui avait été promis pour les 100 premiers jours (le calendrier proposée par Laurent Fabius) : la baisse des salaires des ministres et des patrons du secteur public, le retour partiel à la retraite à 60 ans et les hausses d’impôts pour les plus aisés. Tout ce qui plaît à l’opinion ! Ce qui était plus compliqué a été écarté ou reporté : le blocage des prix de l’essence et une réforme pour couper les banques en deux et isoler les activités purement financières.

L’habileté va se voir encore aujourd’hui : le Premier ministre va envoyer ce matin ce que l’on appelle les lettres plafonds à ses ministres. C’est leur budget pour 2013, avec des baisses d’effectifs pour certains et des économies qui feront mal.

Mais il communiquera le moins possible sur le sujet pour ne pas gâcher le mois d’août. En revanche, il fera ce soir des annonces sur une nouvelle étape de la décentralisation, le transfert de compétences aux collectivités locales. Bien vu : les ministres sont aussi des élus locaux ! Attention : parler d’habileté, ce n’est pas (seulement) critiquer. François Hollande a réussi à apaiser un climat politique et social électrisé jusqu’à l’outrance sous le quinquennat Sarkozy. Avec habilité, on peut surtout faire de vraies réformes.

Sur le fond, le bilan est moins glorieux. Il y a eu peu de réformes lourdes. En 2007, fin août, étaient en place la loi Tepa (le paquet fiscal) mais aussi le service minimum dans les transports et la réforme des universités. Là, fin août, alors que la croissance fond et que le chômage flambe, il y aura surtout eu le contre-pied de ce qu’a fait Nicolas Sarkozy sur les impôts. Il ne reste rien des mesures fiscales précédentes. Sauf un point d’ailleurs paradoxal que l’on mentionne avec le sourire : le seuil d’entrée dans l’ISF, relevé à 1,3 million d’euros il y a deux ans, reste à 1,3 million d’euros - exonérant les beaux appartements parisiens des plus aisés de gauche comme de droite !

L’objectif poursuivi des hausses d’impôt est de réduire les déficits… Objectif louable, et la crédibilité des 3% en 2013 s’est installée - notamment auprès de Berlin et des marchés, comme en témoignent le niveau des taux d’intérêt. Le problème économique est qu’il est risqué de taxer davantage et à la fois les trois moteurs de la croissance : le capital, le travail et l’innovation. Or, les trois sont taxés ou vont être taxés dans le budget 2013 (hausse des cotisations retraite et défiscalisation des heures sup ; alignement de la fiscalité de l’épargne sur celle du travail, ce qui sera plus dur qu’en 1982, le crédit d(impôt recherche qui va être resserré). Cela laisse peu de place à la croissance pour gonfler. L’autre difficulté est le discours sur l’économie, punitif et peu encourageant. On l’a déjà souligné ici, mais l’ordre dans lequel étaient mentionnés les "acteurs" de la filière automobile lors de la présentation du plan ad hoc était consternant : l’Etat, puis les collectivités locales, puis les partenaires sociaux, puis .. les acteurs économiques eux-mêmes dont les constructeurs. Quelle vision de l’économie !

La question posée à François Hollande est celle-ci : il faudra faire des choix, une fois que la concertation aura eu lieu et que les commissions auront commis des rapports. On a vu sur l’affaire PSA qu’il y a d’abord eu le temps du discours, très dur, puis le temps de l’atterrissage, à l’issue duquel la fermeture d’Aulnay n’a pu qu’être acceptée. On le verra sur la CSG, sur les économies dans le budget. Gouverner, cela a été jusqu’à maintenant beaucoup se démarquer, cela va être maintenant de tracer sa propre marque. Bilan : médaille d’or en politique, encore en épreuve de qualification voire déjà au repêchage en économie !



31/07/2012
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