TVLOIREATLANTIQUEENBRETAGNE

Le dossier grec revient au premier plan, Berlin atténue les tensions

 

Les ministres des affaires étrangères allemand (Guido Westerwelle, à droite) et grec (Dimitris Avramopoulos, à gauche), préparent la rencontre Samaras-Merkel de vendredi.

Visite du ministre grec des affaires étrangères, Dimitris Avramopoulos, à Berlin lundi 20 août ; rencontres du premier ministre grec Antonis Samaras avec Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe mercredi, puis Angela Merkel vendredi, et François Hollande samedi ; dîner préparatoire entre la chancelière allemande et le président français à Berlin jeudi. Pas de doute, le problème grec fait sa rentrée européenne.

M. Samaras, qui n'avait pu se déplacer après sa victoire électorale du 17 juin à cause d'une opération pour un décollement de rétine, veut expliquer à des partenaires européens, à bout de patience, que son gouvernement est prêt à faire les réformes nécessaires. Le premier ministre conservateur entend finaliser le plan d'économies de 11,5 milliards d'euros sur 2013 et 2014, conformément aux engagements pris face aux Européens et au Fonds monétaire international (FMI) lorsque le deuxième plan d'aide à Athènes de 130 milliards d'euros a été adopté en mars.

Après plus de deux mois de négociations, le gouvernement est sur le point d'annoncer de nouvelles mesures de rigueur –on attend des baisses de salaires et de pensions de retraite–, qui risquent de fragiliser la coalition qu'il forme avec le Pasok et la Gauche démocratique. Et de provoquer de nouvelles protestations appuyées par la Gauche radicale Syriza qui a le vent en poupe. Mais l'exécutif grec veut prouver aux Européens qu'il est capable de faire des économies pour rester dans la zone euro, avant de réclamer un assouplissement du plan d'austérité qui a plongé le pays dans la dépression.

De fait, avec deux scrutins électoraux successifs qui ont paralysé le pays, le produit intérieur brut (PIB) s'est à nouveau fortement contracté d'avril à juin, en recul de 6,2 % par rapport à l'année précédente. Dans ce contexte, jugent de nombreux observateurs, le gouvernement ne pourra faire autrement que de réviser ses objectifs. Le 15 août, le Financial Times affirmait qu'Antonis Samaras allait demander à ses partenaires de rééchelonner son plan d'économies sur quatre ans et non sur deux ans. En campagne électorale, le premier ministre s'est engagé à mener cette renégociation, mais il a bien conscience qu'il faut d'abord rassurer les Européens sur le sérieux du gouvernement grec. Et il compte sur l'aide du président français François Hollande, favorable à une politique de croissance en Europe.

"UN PUITS SANS FOND"

De son côté, l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, publié lundi 20 août, affirme que, selon les experts de la "troïka" des bailleurs de fonds d'Athènes (Banque centrale européenne, FMI et Commission européenne) qui doivent à nouveau se rendre à Athènes début septembre, ce ne sont pas 11,5 milliards d'économies qui sont nécessaires mais 14 milliards.

Aucune de ces deux informations n'a été confirmée, mais aucune n'a été officiellement démentie. Lundi, Dimitris Avramopoulos a affirmé que ces questions n'avaient pas été abordées lors de son entretien avec son homologue allemand, Guido Westerwelle, avant d'orienter les curieux vers son collègue chargé de l'économie.

Le gouvernement allemand est extrêmement prudent. Guido Westerwelle a certes souligné que la Grèce devait respecter ses engagements et que Berlin n'accepterait aucun "assouplissement substantiel" du plan. Mais il a également rappelé tout ce que l'Europe devait à la Grèce et estimé que celle-ci devait rester dans l'euro. Un ton différent de celui qui prévalait ces derniers mois au sein du ministère des affaires étrangères.

L'entourage de la chancelière cherche, lui, à faire baisser la tension, estimant qu'il ne faut compter sur aucune "décision essentielle" lors de cette série d'entretiens, selon les termes de Steffen Seibert, porte-parole du gouvernement. Officiellement, Berlin attend le rapport de la troïka, qui devrait être publié en septembre.

Pour le gouvernement allemand, rien ne serait pire que de reconnaître d'ores et déjà qu'il faut faire de nouvelles concessions à Athènes, voire engager un nouveau plan d'aide. Dans l'attente de la décision, le 12 septembre, de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe sur la conformité du mécanisme européen de stabilité et du pacte budgétaire à la loi fondamentale allemande, Angela Merkel veut éviter à tout prix d'accréditer la thèse que l'aide à la Grèce serait "un puits sans fond", selon l'expression employée samedi par Wolfgang Schäuble, le ministre des finances.

De son côté, l'opposition sociale-démocrate souffle sur les braises, affirmant que l'ensemble des engagements allemands pris pour sauver les pays en difficulté se monte à 1 000 milliards d'euros, ce qui prouve, selon Carsten Schneider, porte-parole du groupe parlementaire, que "nous sommes depuis longtemps dans une union de la dette"

Frédéric Lemaître et Alain Salles

Forte détente des taux espagnols

C'est une bouffée d'air frais pour Madrid, qui a emprunté mardi 4,515 milliards d'euros à 12 et 18 mois, profitant de taux d'intérêt en forte baisse. Par rapport à la dernière émission similaire, le 17 juillet, les taux ont chuté pour les bons à 12 mois (3,070 %, contre 3,918 %) mais aussi pour ceux à 18 mois (3,335 %, contre 4,242 %).

L'Espagne bénéficie d'un climat de détente, encouragé par les paroles début août du président de la BCE, Mario Draghi, qui s'est dit prêt à "entreprendre des opérations sur le marché obligataire d'une taille adéquate", face aux taux d'emprunt "inacceptables" que doivent consentir certains pays de la zone euro.

Signe de cet appaisement, la prime de risque, qui mesure le surcoût que doit payer l'Espagne pour se financer, par rapport à l'Allemagne, était en baisse mardi matin, à 464 points, tandis que la Bourse madrilène gagnait 0,41 % en milieu de matinée.

De son côté, l'euro reprend des couleurs, à 1,24 dollar mardi matin, contre 1,23 lundi soir.



21/08/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 3 autres membres