San Diego.De notre correspondante

Partout, les mêmes paysages désolés : de vastes étendues grillées par le soleil, des épis de maïs faméliques et jaunis, du soja effondré. Pâtures, récoltes, rien n'est épargné. « Du jamais vu depuis vingt-cinq ans », se désole Tom Vilsak, secrétaire d'État à l'Agriculture.

Cette « sécheresse éclair » s'est développée en quelques mois.61 % du territoire américain estofficiellement touché, soit vingt-neuf États qui courent de la Carolinedu Sud à la Géorgie, sur la côte Sud-Est, au grand Ouest dans le Colorado et le Nevada, en passant parles Grandes plaines et le Midwest,la fameuse Corn Belt, le grenierà blé et à maïs du pays.

Le déficit en eau atteint des proportions abyssales : dans l'Indiana, le niveau des précipitations prévues pour l'été devraient être le plus bas depuis 140 ans. Sans oublier des températures cuisantes flirtant avec les 40 °C, de l'Illinois au Missouri, qui favorisent les feux, tels les incendies monstrueux des dernières semaines dans le Colorado ou en Floride.

Cours du maïs : + 41 %

Selon le Département de l'Agriculture, la moitié des pâturages et 38 % des récoltes de maïs sont en mauvais état, au point que certains agriculteurs n'hésitent plus à nourrir leurs bêtes avec ce qu'il en reste. Les autorités fédérales et les gouverneurs des États ont déclaré l'état de catastrophe naturelle.

Mais les craintes suscitées par des réserves serrées en grains ou par une pénurie engendrent des effets à court et moyen termes. Les prix des céréales ont commencé à s'envoler : depuis la mi-juin, le maïs a déjà augmenté de 41 % à la Bourse de Chicago, et presque autant pour le soja et le blé. Goldman Sachs, rapporte la revue Business Week, prévoit une hausse des prix du grain pour l'année à venir. Une augmentation lourde pour les éleveurs de viande (volaille, bovins et ovins), qui nourrissent leurs bêtes principalement au maïs, et par ricochet, une hausse répercutée sur le consommateur. Les denrées alimentaires risquent fort de connaître une flambée des prix, à l'échelle mondiale.

Et pas d'accalmie en vue : la sécheresse n'a pas fini son lent travail de lèpre aux États-Unis.