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La grande distribution occupe une place centrale et dévastatrice dans notre société.
Cinq centrales d'achat couvrent en France 90% des produits de consommations courantes et donnent ainsi à la grande distribution un pouvoir quasi absolu. Ces centrales d’achat ont pour seul objectif d’acheter le moins cher possible.

La qualité des produits, leurs conditions d’exploitation ou leur lieu de production n’entrent pas dans les premiers critères de choix. Peu importe que les aliments soient à faibles valeurs nutritives, chargés de pesticides ou cultivés à l’autre bout de la planète, seul compte le prix, nonobstant les impacts sociaux et environnementaux.

Le champ d’actions de la grande distribution ne se limite pas à l’alimentaire mais couvre progressivement tous les biens de consommation : habillement, équipements ménagers, produits parapharmaceutiques, bijoux, voyage…

La grande distribution s’est livrée ainsi à une guerre sans merci avec l’industrie agro-alimentaire et l’industrie en général. Les grands perdants sont les consommateurs et l’emploi.

Nous sommes perdants en terme de diversité et de qualité des produits, de proximité des commerces, et même sur les prix comme le reconnaissait le député Jean-Yves Le Déaut, car si nous « profit[ons] de prix bas sur certains produits d'appel, [nous payons] le prix fort sur les autres ».

Sur l’emploi, l’expansion de la grande distribution a entraîné une dévastation dans les secteurs des petits commerces indépendants, de l’agriculture française, et de l’ensemble des petites et moyennes industries de l’alimentaire. Pour 1 emploi créé dans la grande distribution, 5 emplois ont été détruits. La grande distribution a une responsabilité majeure dans le chômage en France.
Mais ce comportement ravageur de la grande distribution n’est possible qu’avec la complicité inconsciente de la plupart des consommateurs comme le souligne justement Christian Jacquiau : « Pour mener à bien son œuvre de destruction, la grande distribution bénéficie de la collaboration d’alliés incontournables : les consommateurs. Plus nous cantonnons notre consommation dans ces machines à fabriquer de la misère et plus nous nous rendons vulnérables. Plus nous nous appauvrissons, plus nous recherchons des prix et plus nous sommes nombreux à nous ruer dans les rayons du « discount ». Les prédateurs l’ont bien compris et axent leurs campagnes de communication quasiment exclusivement sur les prix. Ces prix anormalement bas, puisque vidés de la quote-part de masse salariale qu’ils devraient contenir, ne sont pas ceux que les grands distributeurs consentent par leurs efforts financiers, mais bien ceux qu’ils obtiennent par tous les moyens, y compris celui de l’anéantissement de l’offre de travail. Le crime est parfait et la victime consentante [par ignorance]. »

La reconquête d’emplois dignes, de la qualité de nos produits, de notre autonomie alimentaire, du respect de l’environnement et de la convivialité de nos villes et de nos campagnes, passe principalement par un changement de comportement radical des consommateurs que nous sommes tous.
Nous devons absolument et immédiatement privilégier les circuits courts ou directs de distributions indépendants, proposant des produits sains et respectueux de l’environnement et du social.
Dit plus simplement : achetons le plus près de chez nous des produits locaux sains, directement chez les producteurs ou dans des petits commerces indépendants.