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Des dirigeants d'EADS mis en cause dans l'affaire saoudienne

 

 

Selon le « Financial Times », des dirigeants du groupe de défense auraient été alertés dès 2007 de versements suspects effectués par une filiale en Arabie saoudite. L'affaire, qui met en cause une filiale britannique d'EADS-Astrium, pourrait avoir des répercussions politiques au Royaume-Uni.

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Des dirigeants d'EADS avaient été alertés dès 2007 de possibles faits de corruption de la part d'une filiale du groupe, GPT Special Project Management, pour l'obtention d'un contrat de télécoms militaires en Arabie saoudite. C'est ce qu'affirmait mardi le « Financial Times », sur la base d'éléments fournis par deux anciens salariés de GPT, une semaine après l'ouverture d'une enquête pénale par le Serious Fraud Office (SFO), l'organisme britannique chargé de la lutte contre la corruption, contre cette filiale britannique d'EADS-Astrium, choisie pour fournir un système de communication sécurisé à la Garde nationale saoudienne.

Selon le quotidien britannique, un ancien contrôleur de gestion de GPT, Mike Paterson, avait informé par e-mail ses supérieurs de versements suspects effectués sur des comptes aux îles Caïmans pour un montant total de 1,5 million de livres (14,6 millions d'euros) entre 2007 et 2009. GPT aurait également offert quatre voitures d'une valeur totale de 201.000 livres à des membres de la pléthorique famille royale saoudienne et aurait aussi réglé la location, pour 278.000 livres, d'une luxueuse villa appartenant à la Garde nationale saoudienne. Mike Paterson aurait même alerté en vain Pedro Motoya, le responsable d'EADS pour tout ce qui touche à l'éthique et au respect des lois. Sans obtenir, semble-t-il, de réponse.

14,5 millions de pots-de-vin

Ce n'est que courant 2011 qu'une enquête interne est lancée par EADS, suite à la découverte de ces mêmes versements suspects par Ian Foxley, un ancien lieutenant-colonel de l'Armée britannique. Envoyé en Arabie saoudite pour superviser l'exécution du contrat GPT, il doit quitter précipitamment le royaume.

En janvier 2011, Ian Foxley transmet des documents au SFO, avant d'accuser son ancien employeur d'avoir versé au total pour 14,5 millions de pots-de-vin, entre 2007 et 2009. Il écrit même au Premier ministre David Cameron. Mais ce n'est finalement que le 7 août dernier que le SFO annoncera l'ouverture d'une enquête, qui risque de faire grand bruit.

Cette affaire pourrait coûter cher à EADS. Depuis le scandale suscité en 2006 par l'affaire Al-Yamamah et l'annulation, par le Premier ministre de l'époque Tony Blair, d'une enquête du SFO sur d'énormes pots-de-vin versés par BAE Systems en Arabie saoudite pour la vente d'une centaine d'avions de combat, le Royaume-Uni s'est en effet doté de la législation anticorruption la plus dure d'Europe.

Le simple fait pour une entreprise de ne pas avoir pris les mesures nécessaires en interne pour éviter des cas de corruption constitue déjà un délit en soi, punissable de peines de prison pour ses dirigeants et d'amendes sans limite de montant. Mais dans le cas présent, les faits suspects sont antérieurs à la loi britannique.

Cette affaire pourrait également avoir des répercussions politiques au Royaume-Uni. C'est en effet au ministère de la Défense britannique que revenait la responsabilité de superviser l'activité de GPT, ainsi que tous les contrats de coopération militaire en Arabie saoudite.

Enfin, cette affaire risque également d'avoir des conséquences sur les activités d'EADS et des groupes européens d'armement dans la région du Golfe. L'Arabie saoudite est l'un des plus gros acheteurs de systèmes d'armements européens. Et si le britannique BAE Systems s'y taille la part du lion, EADS y a notamment remporté, l'an dernier, un contrat de 2 milliards d'euros pour la fourniture d'un système électronique de surveillance des frontières.



15/08/2012
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