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Comprendre le scandale du Libor en 6 questions

 

DECRYPTAGE Les banques britanniques sont soupçonnées d’avoir volontairement faussé en 2005 et 2010 le baromètre du marché monétaire mondial. Et plus l'enquête avance, plus la City tremble.

 

L'évolution du taux du Libor à 3 mois paraît s'être déréglé depuis la crise. (c) DR

L'évolution du taux du Libor à 3 mois paraît s'être déréglé depuis la crise. (c) DR
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1. Qu’est ce que le Libor ?

Le Libor est un taux servant de référence sur le marché financier, reflet des conditions auxquelles les banques se prêtent entre elles. Il est fixé chaque jour à 11 heures précises (à Londres), à partir d'un sondage auprès d'un panel de banques interrogées sur les taux qu'elles pratiquent ce jour. Puis il est publié par l'association des banques britanniques, la respectable British Bankers' Association. Le Libor se décline sur les dix plus grandes devises mondiales et quinze maturités, d'un jour à douze mois. Soit 150 chiffres quotidiens. Alors que les taux des banques centrales (Banque d’Angleterre, Réserve fédérale américaine, Banque centrale européenne, etc), sont donnés sur une base mensuelle, cet instrument sert donc de thermomètre quotidien à la finance mondiale.

2. De quoi accuse-t-on les banques?

On les soupçonne d’avoir volontairement faussé le baromètre du marché monétaire mondial. Ce taux d’intérêt qui sert d’étalon à la finance mondiale, aurait été manipulé à l’avantage des banques entre 2005 et 2010.

L’enjeu est vertigineux : le Libor est utilisé comme base de calculs pour un vaste éventail de produits financiers, notamment les prêts immobiliers, les prêts étudiants et les cartes de crédit Une produits dérivés échangés sur les marchés de matières premières (Liffe, marché de Chicago) l’utilisent également, pour des transactions estimées à 350.000 milliards de dollars. Si ce thermomètre a été truqué, ce sont toutes les mesures de la finance mondiale qui auraient été faussées.

3. Quel serait l’intérêt des banques à s’entendre ?

Avant la crise, les traders auraient eu intérêt à prévoir à l’avance l’orientation de cet indice pour pouvoir prendre des paris… gagnants d’avance. Enfreignant toutes les règles de déontologie, ils se seraient entendus avec les responsables du département "trésorerie" des banques, chargés de soumettre chaque jour leurs taux à la British Bankers’ Association.

Durant la crise de liquidité de 2007, les établissements auraient ensuite eu intérêt à ce que le Libor reste bas pour ne pas paraître vulnérables.

4. Comment est-il calculé ?

Le calcul du Libor est effectué chaque jour à 11 heures (heure de Londres) par Thomson Reuters, qui interroge les banques. Thomson communique le taux le plus bas et le plus élevé, et calcule une moyenne, qui sert de référence.

Les banques qui participent à ce calcul ne sont pas nécessairement basées à Londres ni membres de la British Bankers’ Association. Elles sont sélectionnées en fonction du volume de leurs activités sur les marchés.

5. Qui enquête ?

L’affaire est un puzzle géant, dont il sera extrêmement complexe d’assembler les morceaux. Entamées il y a dix-huit mois, les enquêtes impliquent une dizaine de régulateurs dans le monde entier.

Sur le seul territoire américain, plusieurs agences de contrôle se partagent la tâche : le ministère de la Justice, le régulateur des matières premières (CFTC) et le célèbre FBI (Federal Bureau of Investigation).

Au Royaume-Uni, le régulateur britannique est sur l’affaire. La Chambre des Communes et la Chambre des Lords vont constituer une commission d’affaire sur le sujet. Un volet pénal s’est récemment ajouté, avec l’annonce d’une enquête par l’Office national de lutte contre la délinquance financière (SFO).

Au niveau européen, c’est la Commission européenne qui investigue.

6. Le Libor est-il le seul taux interbancaire en cause ?

Des soupçons de manipulation portent également sur le Tibor (Tokyo Interbank Offered Rate) et l’Euribor. Mais les soupçons sur l’Euribor sont moins forts. D’une part, les enjeux sont moins importants que pour le Libor, dont le poids dans la finance mondiale est dominant. D’autre part, le panel de banques servant à fixer le Libor est plus large : 43 banques participent à sa fixation, contre 18 pour le Libor. Une collusion serait donc plus difficile, quoique qu’on ne puisse l’exclure.



22/07/2012
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