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MASSACRE DE SREBRENICA Srecko Acimovic, l'officier serbe qui a dit non

A l'occasion du dix-septième anniversaire du génocide, le quotidien bosnien Dnevni Avaz rappelle l'histoire d'un juste de l'armée serbe : le commandant Acimovic a refusé l'ordre de fusiller des prisonniers de guerre musulmans.

 

 

Source du journal :12.07.2012 | A.L. | Courrier international


 
 

Srecko Acimovic, témoignant lors du procès de l'ancien général serbe de Bosnie Zdravko Tolimir au TPIY, février 2011

Srecko Acimovic, témoignant lors du procès de l'ancien général serbe de Bosnie Zdravko Tolimir au TPIY, février 2011

Srecko Acimovic est originaire de Rocevic, un petit village près de Zvornik, dans la partie serbe de la Bosnie-Herzégovine. D'origine serbe lui-même, il a pris une part active à la guerre qui a ravagé son pays, se hissant au poste de commandant du 2e bataillon de la brigade de Zvornik de l’armée de la république serbe de Bosnie [Republika Srpska], dirigée par le tristement célèbre Ratko Mladic, actuellement jugé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité par le tribunal de La Haye. Le commandant Srecko Acimovic, lui, restera dans l'Histoire pour avoir refusé d'obéir aux ordres de sa hiérarchie le sommant de fusiller les prisonniers musulmans capturés lors de l'offensive serbe à Srebrenica (juillet 1995).

Son histoire, rappelée par le quotidien bosnien Dnevni Avaz à la veille de la commémoration du massacre de Srebrenica, a pris un relief particulier face à l'absence cette année de représentant de l'Etat serbe – le nouveau président de Serbie, le nationaliste Tomislav Nikolic, ayant choisi de bouder la cérémonie. Il y a dix-sept ans, les troupes serbes s'emparaient de l'enclave de Srebrenica, exécutant 8 000 prisonniers, des garçons et des hommes essentiellement, au mépris des lois de la guerre. Un crime qualifié de génocide par la justice internationale. "Contrairement à la majorité des officiers de l'armée serbe de Bosnie, Srecko Acimovic n'était pas issu d'une académie militaire où les lois et les coutumes de la guerre ainsi que la Convention de Genève [sur le traitement humain des prisonniers] sont longuement étudiées. C'est pourtant lui, par ses actes, qui a réussi à ajouter une page honorable – la seule – dans le triste chapitre du massacre de 1995 et à sauver quelque peu l'éthique militaire", poursuit Dnevni Avaz.

"L'ordre d'exécuter les prisonniers était choquant, et j'ai décidé en accord avec mes subordonnés de le refuser", explique simplement l'intéressé. A deux reprises, Srecko Acimovic ignore les ordres envoyés par télex par son commandement lui assignant "sa part" de prisonniers à massacrer, soit près de 500 personnes. Ensuite, il explique son opposition par téléphone à Drago Nikolic, chef de la sécurité de la brigade de Zvornik, puis le lendemain de vive voix au colonel Vujadin Popovic, du corps de la Drina de l'armée serbe, venu en personne pour tenter de le convaincre – non sans le menacer de poursuites disciplinaires. Ces deux hommes ont été condamnés à la prison à vie (avec une peine incompressible de trente-cinq ans) par le tribunal de La Haye pour leur responsabilité dans le massacre de Srebrenica. Notamment grâce au témoignage de Srecko Acimovic, qui aura aussi permis à la justice internationale d'établir avec certitude que ces tueries n'étaient pas le fait de quelques têtes brûlées mais bien une stratégie délibérée de l'état-major des forces serbes de Bosnie.

"Malheureusement, le commandant Acimovic n'a pu empêcher la mort de milliers de Bosniaques, mais il est l'un des rares officiers à avoir refusé de prendre part au génocide", écrit en conclusion Dnevni Avaz. "Par cet acte magnifique, il a montré que tout pouvait se passer autrement et qu'il était un 'homme bon' en ces jours de 'grand mal'. Et que serait le monde sans des hommes comme lui ?".



12/07/2012
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