TVLOIREATLANTIQUEENBRETAGNE

Adieu BHV

 

Dessin de Kroll, paru dans Le Soir, Bruxelles.

Dessin de Kroll, paru dans Le Soir, Bruxelles.

"Ca y est, cette insupportable circonscription Bruxelles-Hal-Vilvorde est scindée. Nous voilà finalement débarrassés de ce problème qui nous empêche de vivre ensemble convenablement depuis des années" ironise le quotidien néerlandohone De Tijd (Le Temps).

BHV. Trois lettres pour un problème à la fois simple et complexe : l'arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde. C'est-à-dire la capitale (bilingue) et sa périphérie, qui se situe en Flandre, mais où vivent de nombreux Bruxellois francophones. Cette zone jouit depuis les années soixante d'un statut spécial : bien qu'à cheval sur deux régions linguistiques, elle a été considérée comme une seule circonscription électorale et judiciaire. Les francophones de la périphérie avaient ainsi accès à la justice en français, et pouvaient voter pour des candidats francophones.

Inadmissible pour de nombreux Flamands, selon lesquels que ce statut encourage les francophones à s'installer en Flandre, provoquant ainsi une "francisation". De fait, certaines de ces communes sont en majorité habitées par des francophones.

Un dossier épineux

La scission de l'arrondissement électoral Bruxelles-Hal-Vilvorde (Bruxelles d'un côté ; Hal et Vilvorde, communes flamandes, de l'autre) est donc une revendication du mouvement flamand depuis près de cinquante ans. C'est cette revendication, entre autres, qui a fait élire le chrétien-démocrate flamand (CD&V) Yves Leterme en 2007. Et c'est elle aussi qui, faute de compromis, a fait chuter le gouvernement Leterme en avril 2010, provoquant la pire crise politique qu'ait connu la Belgique.

L'échec de Leterme a reporté les revendications flamandes sur un1707-BHVcarte.jpg nouveau parti, nettement plus radical, la N-VA (Alliance néo-flamande) et son leader Bart De Wever. Plébiscité lors des élections de 2010, il a finalement été laissé en dehors de la coalition gouvernementale après un an et demi de négociations infructueuses. C'est donc sans lui qu'a été votée, vendredi 13 juin, la scission de BHV.

Côté francophone, la presse se félicite. "BHV, c'est fini" titrait Le Soir au lendemain du vote. Mais au Nord, on est plus sceptique. "Les habitants de la périphérie et les vétérans de la cause flamande peuvent ranger leurs revendications, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ? Ou pas. Eh oui, la périphérie a ses principes : on n'y croit que ce qu'on voit" explique De Standaard, qui rapporte que les Flamands de la banlieue de Bruxelles attendent de voir les conséquences concrètes de la scission pour se réjouir.

Certains n'y croient carrément pas. La N-VA, bien sûr, qui dénonce les compensations offertes aux francophones. Mais aussi l'ancien rédacteur en chef des radio et télévision nationales flamandes (VRT), Jos Bouveroux. "La scission de BHV n'amènera certainement pas d'apaisement durable. (…) Cette réforme appelle des avancées supplémentaires, il ne peut pas en être autrement. L'aspiration à plus d'indépendance en Flandre ne va donc  certainement pas s'arrêter" écrit-il dans une tribune au Tijd.

Coup de pub

Enfin, il y a ceux qui jubilent : comme le parti chrétien-démocrate flamand CD&V, trop heureux d'avoir réussi là où la N-VA a échoué, qui a publié plusieurs placards publicitaires dans des journaux flamands sous le slogan "BHV? AUB" (BHV? S'il vous plaît!). "Le CD&V ne ménage ni ses efforts ni ses deniers pour mettre en lumière son rôle dans la scission de BHV" remarque De Morgen. N'oublions pas que les élections communales d'octobre approchent…

La Gazet van Antwerpen va même jusqu'à estimer que la scission de BHV sauve une Belgique prête à faire partie ses "PIGS" (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne - les "mauvais élèves" de l'UE) et lui permet de rejoindre le peloton de tête de l'Europe. Si la coalition actuelle n'était pas parvenue à un accord (global), la Belgique n'aurait peut-être toujours pas de gouvernement à l'heure actuelle. "Et nous paierions alors au moins 6% d'intérêts sur nos emprunts. Insurmontable pour la Belgique, dont la dette publique atteint des sommets" juge le quotidien anversois. 

La scission BHV ne signe sans doute pas la fin des tensions communautaires en Belgique, conclut La Libre Belgique. Néanmoins, "on devrait au moins se réjouir. Voyez : BHV, c’est réglé. C’est historique, la Belgique n’est plus en panique. (…) Bien sûr, bientôt, Bart [De Wever] déposera de nouvelles bombes. Mais pour l’heure, c’est notre torse que l’on bombe. Car cet été pluvieux pourrait bien nous rendre plus heureux."



18/07/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 3 autres membres