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ROYAUME-UNIL'alcoolorexie, manger moins pour picoler plus

Pour faire la fête tout en gardant la ligne, de nombreuses jeunes femmes se privent de nourriture. Entre alcoolisme et anorexie, un inquiétant compromis qui gagne du terrain, alerte cette blogueuse britannique.

13.07.2012 | The Independent

 

Dessin de Boligan paru dans El Universal, Mexico

Dessin de Boligan paru dans El Universal, Mexico

Les vendredi après-midi, au bureau, les femmes picorent une petite salade nature et du Philly [fromage crémeux] ultra-allégé sur une galette Ryvita. L'heure du rosé va bientôt sonner, les préparatifs vont bon train. Leurs ventres vont gargouiller tout l'après-midi, et elles réprimeront l’envie de faire un petit écart chaque fois qu'on leur proposera un biscuit, un bonbon ou du chocolat. Sympa.

Hélas, de tels sacrifices sont devenus habituels pour un bien trop grand nombre d'entre nous. Lundi, tandis que je faisais la queue à Tesco, j'ai surpris la conversation de deux jeunes femmes stagiaires derrière moi, qui planifiaient ce qu'elles mangeraient pendant la semaine - pas grand chose - pour profiter de leur week-end festif. Ainsi, faire des sacrifices pour mieux nous laisser aller le week-end relèverait de la routine. Faire des compromis avec nous-mêmes, pour nous persuader de “l'avoir mérité” quand nous déboucherons une bonne bouteille de vin. En soi, cette manière nouvelle (et particulièrement éreintante) de tenir du lundi au vendredi n'est pas si mauvaise que cela pour notre santé. Mais certains vont beaucoup trop loin. La semaine dernière, j'ai lu un article sur Nakhara Jacques, 18 ans, qui jeûne trois jours par semaine pour pouvoir siffler des litres de cidre et ingurgiter des quantités affolantes de vodka tous les week-ends. Elle mène cette vie depuis deux ans. Résultat : elle a maigri, perdu ses cheveux et n'a plus ses règles. Est-ce que ça vaut le coup ? Je ne crois pas.

Dangereux conseils

Certes, une fois de plus, on accusera la pression exercée par les magazines pour devenir mince, ressembler aux mannequins et aux célébrités qu’on voit s’étaler dans les revues et sur les chaînes musicales. On pensera aux éloges des silhouettes fermes, aux photos où les zones de cellulite sont entourées en rouges, et aux clichés de mamans people en bikini, sveltes quelques semaines à peine après leur accouchement.

Mais ce qu’on oublie trop souvent de rappeler, c’est que quelques pages plus loin, on passe aux conseils de régime, aux recettes basses calories et aux instructions sur les “mauvais” aliments que nous devrions remplacer par de “bons” (et ennuyeux) équivalents. L’alcool figure souvent sur cette liste noire. Les étiquettes des bouteilles de vin, de bière, de cidre et d’alcools forts ne nous disent pas combien de calories ou de glucides elles contiennent — les magazines s'en chargent.

Or il se trouve que certains, en particulier parmi les étudiants, sont prêts à subir des régimes draconiens, même si c’est mauvais pour leur santé. L'important, c'est d'être mince et de s'amuser. Tant qu'on ne se retrouve pas avec un bourrelet qui déborde de son ensemble débardeur et mini-short, le reste a peu d’importance. Certes, les jeunes femmes tombent facilement dans ce piège, ce cycle destructeur. Mais surtout, une fois dedans, elles ne sont pas près d'en sortir. Après quelques jours à manger trois fois rien, elles sont sûrement très contentes de se sentir pompettes dès le premier verre de vin, tandis qu'on les complimente sur leur perte de poids. Et quand on leur dit qu’elles vont peut-être un peu loin, elles répliquent par une excuse du genre : “Faut pas exagérer ! C'est pas comme si j'étais anorexique !".

Anorexique ou pas, réduire son apport calorique en dessous du niveau recommandé pendant une longue période ne peut que faire du dégât. Et plus l’habitude s’installe, plus on aura de mal à s’en libérer. Tout le problème est là.

Mieux vaut prévenir

Comme avec toute addiction, dès qu'on s’astreint religieusement à un programme, il devient difficile de s’en débarrasser. Personne n’aime qu’on lui dise quoi faire ou comment mener sa vie, surtout à l’âge où régimes et fêtes arrosées vont de pair. Alors certains préfèrent se voiler la face. En revanche, on peut travailler sur la prévention : cela passe par l’éducation dans les écoles, mais aussi et surtout par une responsabilisation des magazines. Ils vous diront que leurs articles sur les régimes font la promotion d’un style de vie sain, mais je ne suis pas de cet avis. Ils encouragent cette obsession du comptage des calories, des régimes à la mode et des “substituts alimentaires”. Et ils nous culpabilisent d’oser même ne fût-ce que penser à manger quoi que ce soit de vaguement savoureux ou de consistant. Tant qu’ils persisteront à le faire, nous continuerons à avoir des problèmes avec ceux qui gobent ces bêtises.



15/07/2012
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