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Les arts de la rue tiennent Chalon

Les arts de la rue tiennent Chalon

Avec quelque 180 compagnies invitées, la 26ème édition du Festival des arts de la rue transforme la ville de Chalon-sur-Saône en scène à ciel ouvert. Une manifestation populaire où toutes les disciplines ont droit de cité. Récit de deux jours de maraude artistique.

 

Chalon dans la rue peut s’avérer déroutant pour le néophyte. Premier conseil donc : suivre l’habitué, aisément reconnaissable à la tente sur le dos ou au tabouret pliable sous le bras. Tabouret qui révèle vite son utilité car, comme leur nom l’indique, les arts de la rue se déploient sur les trottoirs, les places, les jardins publics et même les parkings. Les acteurs ? Ils viennent du bout de la rue. Ou de beaucoup plus loin : du Japon ou du Mexique et de partout en Europe. De Slovénie, par exemple, tels les membres du Ljud Group qui transforment la rue en galerie d’art dans Streetwalker. Le conférencier guide le spectateur dans les lieux les plus quelconques de la ville et se moque gentiment de l’art contemporain : une tâche sur le bord de la route évoque une toile de Pollock, une fenêtre cassée se révèle être  un Mondrian. L’ironie du Ljud Group est communicative, au fur et à mesure de la visite les passants se prennent au jeu et suivent le mouvement. Les rires fusent quand le conférencier vend aux enchères une crotte de chien et autorise les visiteurs à fumer et boire de la bière. Apprendre à voir un étron comme une œuvre d’art illustre la capacité des arts de la rue à réenchanter le quotidien. Un bitume pas banal en somme. Marie-Hélène et Viviane, chapeaux vissées sur la tête, ont trouvé sans doute la meilleure définition de Chalon : « C’est une vaste piraterie, une farce ouverte sur le macadam, une bonne blague. Et nous, nous sommes les pirates du macadam, pour voir la folie se manifester sous toutes ses formes… ».

StreetwalkerStreetwalkerEn immersion

Dans La ville qui respire, la compagnie Rode Boom propose une promenade en petit comité avec un audio guide. Il faut accepter de se laisser entraîner, pis, de ne pas tout comprendre ou parfois de ne rien comprendre du tout à ce spectacle. Bruits et musiques se succèdent, souvent sans aucune logique et selon le bon vouloir du guide.  Jusqu’à ce que celui-ci demande au public de s’allonger par terre, pour mieux écouter la ville. Sur le même principe, un casque vissé sur la tête, Domini Public de Roger Bernat recourt à l’immersion du spectateur dans un jeu grandeur nature. « Gagnez-vous plus de 1000 euros par mois ?», interroge la voix dans vos oreilles. « Si oui, allez à gauche ». « Avez-vous déjà volé un ami ? », « Si oui, allez à droite ». De la sociologie vivante, ludique, voire même impudique.

©Fare Museo©Fare MuseoCarton plein

Que ceux qui croient encore que les arts de la rue se résument à un attroupement de badauds écoutant les vociférations d’un comédien passent leur chemin. Cette année encore, les performances sont  interactives, immersives ou encore participatives. Ainsi, sur les bords de Saône, Olivier Grossetête fait appel au public. Il s’est lancé un défi architectural… en carton : ériger trois tours dont une de 20 mètres de haut. Son record est à 16 mètres. Tous les Chalonnais et les visiteurs de passage sont donc invités à venir prêter main forte à l’artiste, avant de détruire et piétiner l’œuvre dimanche. À vous de voir si vous avez plutôt l’âme d’un constructeur ou d’un destructeur.

 

Les Necros SpiritualC’est beau une ville la nuit

La nuit, Chalon change de visage. Habitué des festivals (ils viennent de rendre hommage à Jean Vilar en Avignon), le collectif KompleXKapharnaüM profite de l’obscurité pour projeter ses images géantes sur les murs de la ville dans Figure Libre. Une déambulation qui mélange vidéo et captations en temps réel sur les murs, sur fond de jazz-funk live. KompleXKapharnaüm renouvelle une forme traditionnelle en misant tout sur la technologie. Visuellement, le résultat est spectaculaire mais le message (« Qu’est-ce qui nous fait homme, qu’est-ce qui nous fait femme ? »), auquel le public est invité à réagir par sms, est un peu simpliste. On préfère l’humour noir de la procession funèbre de la compagnie À Bientôt. On y apprend comment réussir son suicide ou comment organiser une cérémonie d’enterrement avec le sourire. L’assistance est encore une fois priée de choisir son camp entre incinération et inhumation. Oui, c’est aussi cela le spectacle vivant !



25/07/2012
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