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Le miracle Avignon

 

VOYAGE

L’écrivaine britannique Ysenda Maxtone Graham nous fait découvrir Avignon, une ville qu’elle fréquente depuis plus de quarante ans.

17.07.2012 | 

 

Vue aérienne d'Avignon

Vue aérienne d'Avignon

William Kentridge

Plasticien, vidéaste, marionnettiste, metteur en scène, l’artiste sud-africain William Kentridge signe l’affiche de la 66e édition du festival d’Avignon, qui se tiendra du 7 au 28 juillet. Il s’agit d’un croquis qu’il a réalisé lors d’une répétition de Refuse the Hour (La négation du temps), le spectacle qu’il présentera cet été parallèlement à une exposition intitulée Da Capo. Né en Afrique du Sud en 1955, William Kentridge a fait de son œuvre un combat contre l’apartheid et le colonialisme dans son pays, où il a fondé sa propre compagnie, Junction Avenue.

Ah ! Les interminables voyages de mon enfance vers Avignon, ma sœur et moi serrées à l’arrière de la Mini. La sempiternelle question : “On arrive bientôt ?” alors qu’on n’était qu’à Dijon. Les œufs durs et les saucisses dans un sac en plastique. Le moment déprimant, quand mes parents arrêtaient la voiture pour quelques heures afin de faire une “petite sieste”. La béatitude d’une glace achetée à la station Elf. Même une fois passé le tunnel de Lyon nous étions encore loin de notre destination. Encore deux heures de route, au moins. Aujourd’hui, si vous prenez l’Eurostar de 7 h 17 le samedi matin à la gare de Saint-Pancras, à Londres, vous pourrez déjeuner sur la place centrale d’Avignon à 14 heures. Même avec le décalage horaire. C’est un miracle.A la fin des années 1960, mon père a acheté un petit appartement dans la rue des Teinturiers. Ce qui le rendait irrésistible à ses yeux, c’est qu’on pouvait accéder par une échelle à un toit-terrasse avec vue sur le palais des Papes. Quarante-trois ans plus tard, nous avons toujours l’appartement, et la même vieille boîte de cassoulet sert toujours de butoir.A l’époque, les eaux usées s’écoulaient directement dans la gouttière et les égouts se déversaient dans le canal qui longeait la rue, où le tout était brassé par les roues à aubes. A midi, on entendait les incessants coups de klaxon des conducteurs impatients de rentrer chez eux pour déjeuner. Aujourd’hui, la rue des Teinturiers est piétonne et pourvue de bornes escamotables. Des panneaux indiquent aux touristes le chemin pour se rendre dans cette adorable ruelle pavée où les roues à aubes continuent à tourner sous les platanes.

Une ville fortifiée

L’avantage, avec l’Eurostar du samedi matin, c’est qu’il arrive à la gare d’Avignon-Centre, et non à la gare d’Avignon-TGV [située à 6 kilomètres du centre-ville]. Lorsque vous sortez du train, la chaleur provençale s’abat sur vous, vous enlevez une ou deux couches de vos étouffants vêtements anglais, vous pénétrez à l’intérieur des remparts et vous remontez la rue de la République jusqu’à la place de l’Horloge pour prendre un déjeuner tardif.La place de l’Horloge est une place carrée, très agréable. Les enfants l’adorent pour ses statues vivantes badigeonnées de doré, ses pigeons, son manège et les petits personnages qui sortent toutes les heures de la tour de l’Horloge. Pour votre premier jour, vous devez manger dans l’un des nombreux restaurants qui bordent la place, sous les arbres. Mais lequel ? Avec le sentiment de bien-être que procure cette ville fortifiée, vous prenez un pichet de vin rosé pour accompagner un repas simple (vous avez déjà mangé de meilleurs steaks, il faut bien l’admettre…), et la serveuse énumère ensuite pour vous une liste de desserts commençant tous par la lettre “f” : “Flan, fruits, fromage !” Puis vous gravissez en titubant le rocher des Doms.Pourriez-vous citer une autre ville fortifiée qui possède un éperon rocheux surplombant d’une telle hauteur un fleuve enjambé par un pont médiéval qui a inspiré une chanson célèbre ? Pour se rendre au rocher, il faut emprunter une ruelle qui part du bout de la place et conduit à l’imposant palais des Papes. Les papes n’ont résidé à Avignon que pendant soixante-dix ans, au XIVe siècle, mais ils en ont profité pour construire cette forteresse gothique très austère d’apparence. Une visite s’impose au cours du séjour, mais pas le premier jour. Réjouissez-vous de ne plus être guidé par cet homme qui ressassait à chaque fois les mêmes plaisanteries éculées sur les papes : nous sommes à l’âge des audioguides. L’endroit est idéal pour se rafraîchir les jours de grande chaleur et les fresques de la chambre du pape sont divines : les oiseaux, qui se sont échappés de leurs cages, volent dans les feuillages.



17/07/2012
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