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L'équilibre géostratégique du cartel du pétrole remis en question par l'ascension de l'Irak

 

 

Grâce à une reconstruction de son industrie pétrolière plus rapide que prévu, malgré l'insécurité, l'Irak est devenu le numéro deux de l'Opep. Un redressement qui n'est pas sans conséquences géostratégiques.

L\'équilibre géostratégique du cartel du pétrole remis en question par l\'ascension de l\'Irak

Dans la torpeur estivale, c'est un changement géostratégique non négligeable qui est survenu au sein de l'Opep, le cartel des exportateurs de pétrole. L'Irak en est devenu le numéro deux. Sa production de pétrole « atteint maintenant 3,2 millions de barils par jour [Mbj] , plus que d'autres pays comme l'Iran, le Koweït ou les Emirats arabes unis [EAU]  », a claironné hier le vice-Premier ministre pour l'Energie, Hussein al-Shahristani. Alors que jusqu'ici Bagdad était considéré comme tellement vulnérable qu'il était exonéré du système de quotas de l'Opep, discipline assurant un prix rémunérateur à ses membres.

L'Irak se dit aussi capable d'atteindre son objectif de produire 3,4 Mbj à la fin de l'année et d'exporter 2,6 Mbj, au coude-à-coude avec les EAU, derrière seulement la Russie (qui n'est pas membre de l'Opep) et l'Arabie saoudite, incontestable ténor de l'or noir. L'Irak n'exportait encore que 1,9 Mbj il y a trois ans, ce qui était peu pour un pays revendiquant les troisièmes réserves de la planète.

La situation est compliquée

Cette progression, tardive, neuf ans après l'invasion américaine, s'explique par les travaux d'envergure menés, malgré les attentats, sur des infrastructures pétrolières décaties en raison des différents conflits et de l'isolement du pays sous Saddam Hussein. Pour la première fois depuis vingt ans, l'Irak dépasse l'Iran, à la production en chute libre en raison des sanctions occidentales à l'encontre de son programme nucléaire. Téhéran n'exporte plus que 1,8 Mbj.

L'Irak a donc profité de l'isolement de l'Iran, ce qui devrait en théorie envenimer les relations entre les deux pays. Dans les faits, la situation est plus compliquée. Quoique installé par Washington, le régime de Nouri al-Maliki, le Premier ministre irakien, entretient les meilleures relations du monde avec Téhéran, ne serait-ce que parce que les deux pays sont à majorité chiite dans un Moyen-Orient sunnite. Bagdad et Téhéran avaient affiché leur entente lors de la dernière réunion de l'Opep, mi-juin, soutenant les positions des « durs » du club (Venezuela, Algérie), favorables à une baisse de la production afin d'augmenter les prix, face aux prooccidentaux (Arabie saoudite, EAU) qui craignaient que cela n'accentue le marasme chez leurs clients.

L'entente Bagdad-Téhéran a ses limites toutefois, définies par le porte-monnaie. Acteur d'envergure de nouveau, l'Irak va se voir imposer des quotas qu'il faudra bien prendre quelque part, donc peut être sur ceux de l'Iran. Ou plaider pour une hausse globale des quotas, qui fera retomber les cours...



14/08/2012
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