TVLOIREATLANTIQUEENBRETAGNE

JO 2012. Pellerin, l’homme qui sort des nageurs en or

Londres

 

Jeux Olympiques mercredi 01 août 2012

 

Le coach niçois de Muffat, Agnel et Lefert, qui font des prodiges depuis trois jours, sait emmener au sommet des nageurs formés par lui. Portrait et détail d’une méthode.

Il a des manières posées, des phrases longues, un flegme très british et l’humour qui va avec. Fabrice Pellerin fait davantage prof de classes préparatoires qu’entraîneur. Cet ex-petit nageur de 40 ans, qui a noirci des centaines de cahiers avec ses cogitations, est surtout la preuve qu’il y a de la place pour un intellectuel dans un sport de besogneux. « C’est un esprit supérieur. Il a du génie », s’extasie Michel Rousseau, l’ancien champion d’Europe du 100 m, dont Pellerin s’est occupé de sa fille Magalie.

« Conquérir le monde »

Sa grande ambition : « Aller conquérir le monde avec des nageurs que j’ai formés. Je leur apprends à aller au combat, à manier leurs outils pour terrasser leurs adversaires. » Sa révolution : un programme sur quatre ans. D’abord la technique et la responsabilisation : dis-moi où tu veux vraiment aller, je t’y emmènerai. Puis de la gymnastique avec beaucoup de micromouvements et d’exercices novateurs. La musculation vient ensuite avec des charges de travail de plus en plus lourdes. Avant de grimper dans les strates de la douleur et de chercher la confrontation avec les meilleurs à travers le monde.

Résultats, des nageurs frais, équilibrés intellectuellement et des guerriers.

De la musique en travaillant

« Pour beaucoup, la natation c’est enfiler des longueurs en comptant les carreaux. Absolument pas le cas pour nous », témoigne Camille Muffat. « On fait souvent des séries assez ludiques, des choses qui nous permettent de ne pas tomber dans un train-train exécrable. » Mélomane et guitariste, le coach équipe notamment sa troupe de lecteurs MP3 étanches et d’écouteurs glissés sous les bonnets. Pour travailler différents rythmes de nage en musique. Quand on n’a pas de pétrole (la natation française manque cruellement de moyens), il faut avoir des idées. Inventer et s’adapter en permanence. Pour ça, Pellerin mérite la médaille d’or, comme Auguin, le coach d’Alain Bernard, et Lucas, le mentor de Laure Manaudou, donc il semble l’exact contraire.

« Je suis très différent mais on parle tous les deux de rigueur et d’efforts à haute dose », remarque-t-il. « Les nageurs ont le choix de s’entraîner avec moi, ou pas. On ne négocie pas la stratégie de préparation, on se tait. Ce n’est pas un rapport de soumission, c’est une confiance, une collaboration où chacun apporte ses compétences. Je serais incapable de faire ce qu’ils font dans l’eau, mais je dirige. Je suis le prof, eux les élèves. »

« Jeunes gens bien dans leurs têtes »

Attention, il ne fabrique pas des machines à nager. L’interactivité est constante. « Son groupe n’arrête pas de travailler mais il est constitué de jeunes gens bien dans leurs têtes, très posés et qui réfléchissent », assure Lionel Horter, directeur des équipes de France. Pas sûr qu’on puisse breveter la méthode.

N’empêche qu’avec la petite élite qu’il s’est trouvé, l’alchimiste Pellerin fait des merveilles.



01/08/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 3 autres membres