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Des joueurs à la fin de carrière cauchemardesque

Ils ont été adulés, ont vécu dans le luxe et l'opulence avant de sombrer dans la dépression, l'alcool ou la drogue, une fois leur carrière terminée. Portrait de cinq joueurs.

 
 
 
Il ne suffit pas d'avoir porté le maillot de l'équipe de France et d'évoluer dans les meilleurs clubs pour être à l'abri du besoin une fois sa carrière terminée. Les reconversions ratées et les dérapages de fin de carrière n'épargnent personne, pas même les meilleurs footballeurs.

Bernard Pardo (46 ans) - 13 sélections en équipe nationale

L'histoire de sa vie se résume à un cercle vicieux. Avant de devenir international et de prendre sous son aile protectrice un certain Didier Deschamps, Bernard Pardo fut un footballeur du Milieu. De ce milieu mafieux qui aime tant graviter autour de ces grands garçons en culotte courte. Francis Vandenberghe, plus connu sous le nom de Francis le Belge, sera son parrain. Son tonton flingueur et son créancier. Incarcéré pour une ' broutille ', un trafic d'héroïne, Le Belge bénéficiera des largesses de son filleul pour payer sa caution et acheter sa liberté. Un million et demi de francs, une goutte d'eau, versé en partie par Bernard Pardo.
Quelques mois plus tard, en 1993, l'homme aux 13 sélections en équipe de France sera à son tour incarcéré, six mois aux Baumettes, puis quelques semaines à Luynes, pour trafic de cocaïne. Bernard Pardo avait juste oublié de suivre les bonnes lignes. La coke va ruiner sa santé. L'ancien joueur de Toulon, Bordeaux, Marseille et du Paris SG échappera à la mort grâce à une transplantation cardiaque mais perdra toutes ses dents après une terrible infection. Sauvé, mais pas oublié par le fisc qui lui réclame plus de cinq millions de francs d'arriérés, Bernard Pardo suivra alors son chemin de pénitence et deviendra en août 1994, pendant quelques mois, l'adjoint de Bernard Casoni alors sélectionneur de l'équipe nationale d'Arménie.
Depuis, Bernard Pardo se refait une santé et énonce ses vérités footballistiques sur OMTV, la chaîne câblée du club phocéen. Superstitieux, Bernard Pardo expliqua un jour : ' J'ai eu 13 sélections chez les Bleus, j'habite dans le département 13, mon père est né un 13... ' C'est ce qui s'appelle avoir de la chance !

José Touré (45 ans) - 16 sélections et 4 buts en équipe nationale

Si Bernard Pardo adorait les arrière-salles et l'ombre protectrice des parrains de la mafia, José Touré, l'un des footballeurs les plus doués de sa génération, celui que l'on surnomma à juste titre ' le Brésilien ', préféra la lumière, les paillettes du show-biz et le monde interlope de Saint-Tropez. Sous les couleurs de Monaco, josé Touré fut le joueur le mieux payé de l'Hexagone. 800 000 francs mensuels que ses ' amis ' se chargeront de dépenser avec lui. ' Une seule valeur sûre régnait sur mes nuits et celles de mes complices de dérive, la coke, cette pute, si chère et si froide... ', expliqua-t-il plus tard dans son livre-thérapie, Prolongations d'enfer.
Quand on monte si haut, la chute est parfois brutale. José Touré passera à travers une verrière, se noiera dans l'alcool et finira même en prison à Tours. Quatre mois de pénitence. Ruiné, José Touré sera abandonné par le milieu du ballon rond. Seul Jean-Claude Darmon, à l'époque grand argentier du football français, lui tendra la main et l'embauchera pour... 5 000 francs mensuels. ' Je dois comprendre comment la star, le Brésilien, l'enfant du soleil se retrouve là, à l'ombre, chez les rejetés, les mal-lotis, les mal-partis, les pas bien arrivés ', expliqua alors Jean-Claude Darmon.
L'enfant de Blois mettra des années à se reconstruire. Même s'il fut condamné en 2005 pour coups et blessures volontaires sur son ancienne compagne, José Touré finira par trouver le salut sur Canal+. Consultant, l'homme semble enfin en paix avec lui-même et n'a plus besoin de consulter...

Bruno Bellone (44 ans) - 34 sélections et 2 buts en équipe nationale

A la Turbie, au centre d'entraînement de l'AS Monaco, Bruno Bellone était le seul à pouvoir expédier le ballon au-dessus de la falaise qui surplombe les terrains. Seul, il le demeura ensuite très longtemps sur les chemins de la vie. Le meilleur ailier de sa génération, celui que l'on surnommait Lucky Luke tombera un jour à la renverse quand le chirurgien qui venait de l'opérer d'une rupture du tendon d'Achille lui annonça : ' Bruno, le foot, pour toi c'est fini ! ' Le joueur vient juste d'avoir 28 ans et laisse en héritage 288 matchs de Ligue 1, 34 sélections en équipe de France et un titre de champion d'Europe en 1984.
Un palmarès en or qui aurait du le mettre à l'abri du besoin. Mais la vie en décide autrement. Chômeur de luxe, suite à son accident du travail, Bruno Bellone ne perçoit plus que le plafond de la Sécu (27 000 francs) par mois pour vivre. Sa femme en réclame 21 000 pour élever seule ses trois enfants. L'enchaînement ! Toutes ses économies, soit plus de 5 millions de francs placés sur les conseils d'un promoteur immobilier, ami de la famille, dans un terrain à Mougins, s'évaporent dans les tourbillons d'une faillite. ' Moi, qui transformais en or tout ce que je touchais, je n'avais plus rien du jour au lendemain. Ni femme, ni enfants, ni argent pour pouvoir rembourser les crédits de ma nouvelle maison ', se souvient le footballeur.
Pendant de longs mois, Bruno Bellone va dormir dans sa voiture avant de retrouver sa dignité. A force d'abnégation et de courage, l'homme au pied gauche en or finira par rembourser ses dettes et créera même une société, Bellone Sud Courtage, chargée d'assurer les jambes des joueurs. ' Dans un sens, ce qui m'est arrivé est plutôt bien. On m'a tout pris, mais cela a éliminé de mon entourage toutes ces mauvaises personnes qui m'appréciaient uniquement pour mon argent. J'espère que je pourrai servir d'exemple à tous les jeunes footballeurs. '

George Best (1946-2005) - 37 sélections et 9 buts en équipe nationale

L'aéroport de Belfast porte désormais son nom. Comme celui de Liverpool a emprunté le sien à un certain John Lennon. Il n'est pas sûr pour autant que Georges Best, le cinquième Beatles, ait apprécié l'honneur posthume qui lui a été fait. Le génial joueur de Manchester United aurait certainement préféré que son patronyme soit délicatement posé, ad vitam eternam, sur une bouteille de whisky. Sa meilleure amie. Ballon d'or France Football en 1968, Best consume la vie par les deux bouts. Les femmes et l'alcool. Les Miss monde et la bière. ' J'ai dépensé beaucoup d'argent pour la picole, les jolies filles et les voitures rapides. J'ai gaspillé le reste... '
L'homme des bons mots, des beaux gestes, de la belle vie, le premier joueur à entrer de plein pied dans le reality show du ballon rond, celui qui arrivait ' bourré ' aux entraînements, va descendre l'escalier de la vie à reculons. Jusque dans les bas-fonds. Ceux des faits divers.
En 1994, il passe Noël en prison après avoir été condamné pour conduite en état d'ivresse et bagarre. ' Geordie ' ou encore ' Bestie ' accumule les pépins de santé. Son foie ne supporte plus ses frasques. En 2000, l'alerte semble sérieuse. Deux ans plus tard, quelques mois avant une pneumonie, l'idole de toute l'Irlande du Nord subit une greffe du foie. Hélas, le petit ' ballon ' posé par les médecins n'empêchera pas ce rebelle de retomber dans ses excès. A l'hôpital Cromwell de Londres, un jour de novembre 2005, Georges Best fut une nouvelle fois le meilleur. Tous les journaux de la planète annoncèrent son décès pendant que, dans nombre de bars, des verres se levaient à la mémoire de celui qui avait dû vendre son Ballon d'or pour si souvent les accompagner.

Ferenc Puskas (1925-2006) - 85 sélections et 84 buts en équipes nationales

Le major galopant ne le fut pas longtemps. Petit, enveloppé, Ferenc Puskas utilisa pendant des décennies sa technique hors du commun pour faire courir les adversaires autour de son ventre rebondi. Il y a plusieurs années, de passage à Paris, le maître à jouer de la mythique équipe de Hongrie qui domina le football au début des années 50 avant d'être dissoute après le soulèvement de 1956, prit un malin plaisir à venir disputer, à lInstitut national du sport à Vincennes, un match de... journalistes. L'homme aux 84 buts en 85 matchs de sélection nationale arriva engoncé dans son maillot. Pourtant, la cinquantaine avenante, le major effaça en quelques secondes tous les sourires moqueurs de ces plumitifs peu reconnaissants. Sans bouger, à part ses pieds magiques, Puskas fit un festival. Du grand art. Une séance d'un autre monde qui illumina l'esprit de tous les privilégiés présents à Vincennes.
Son palmarès, long comme la liste les décorations d'un général soviétique, n'avait pas changé le bonhomme qui porta le maillot de deux sélections nationales, celles de la Hongrie et d'Espagne. Champion olympique en 1952, finaliste de la Coupe du monde 1954, meilleur buteur de la coupe d'Europe des clubs champions en 1960 (12 buts) et 1964 (7 buts), meilleur buteur du championnat d'Espagne en 1960, 1961, 1963 et 1964, Ferenc Puskas termina sa vie dans le besoin. Sa famille dû ainsi mettre aux enchères ses médailles et trophées pour financer le traitement de sa maladie d'Alzheimer. En 2002, pour son 75e anniversaire, le grand stade de Budapest a été rebaptisé à son nom. Quatre ans plus tard, un monument décédait dans l'anonymat d'un hôpital magyar...


01/08/2012
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