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CYCLISME Les Kényans qui rêvaient au Tour de France

Les Kenyan Riders, une équipe de cyclistes créée en 2007, disputeront cette année deux courses en France. Avec un but ultime : que des Kényans participent à la Grande Boucle et, pourquoi pas, montent sur le podium.

 

 

Les Kenyan Riders sur le parcours de l'édition 2011 de L'Etape du Tour, compétition amateur courue chaque année en juillet sur deux étapes du Tour de France.

Les Kenyan Riders sur le parcours de l'édition 2011 de L'Etape du Tour, compétition amateur courue chaque année en juillet sur deux étapes du Tour de France.

Il y a cinq ans, Sammy Ekiru négociait à 3 dollars la journée le transport sur son vélo-taxi dans la ville de Kitale, située à une trentaine de kilomètres de la frontière ougandaise. Aujourd'hui, lui et son vélo restent inséparables, mais son travail et ses moyens d'existence ont nettement changé.

Ekiru fait désormais partie d'une équipe de cyclistes de compétition kényans qui ont réussi à introduire le cyclisme dans un pays où il n'avait pratiquement jamais existé. Les Kenyan Riders, sélectionnés en 2007 par un entrepreneur de Singapour, Nicholas Leong, ont placé la barre assez haut. Depuis que le Tour de France a vu le jour, il y a un siècle, jamais une équipe d'Afrique noire n'a participé à cette course et ces Kényans entendent y remédier.

Cet objectif n'est pas pour tout de suite. L'équipe suit un entraînement intensif en vue des compétitions européennes de moindre importance qui vont avoir lieu au cours des prochains mois. Le 8 juillet, les Kenyans Riders participeront à L'Etape du Tour, dans laquelle les cyclistes amateurs se testent sur deux des étapes du Tour de France, et en août à la Haute Route, une course de sept jours reliant Genève à Nice.

Depuis que deux de ses membres se sont classés, l'an dernier, parmi les vingt premiers des 10 000 participants de L'Etape du Tour, l'équipe ne manque pas d'assurance. "Actuellement, on s'entraîne très dur car on pense qu'on peut faire quelque chose en Europe", lance Eriku, aujourd'hui âgé de 24 ans.

L'équipe a installé son camp d'entraînement dans la petite ville d'Iten, berceau de champions mondiaux de course de fond depuis des décennies. C'est d'ailleurs cet aspect de la ville qui, au départ, a séduit M. Leong. La formation de l'équipe repose sur l'idée que la région peut aussi produire des cyclistes d'élite. Bien qu'un certain nombre d'habitants et d'experts se montrent sceptiques, l'entrepreneur reste déterminé. "Quand des gens ont une grande confiance dans leur culture, ils ont des chances de réussir même s'ils sont critiqués par tout le monde", explique-t-il. "En termes sportifs, cette équipe restera dans les mémoires comme un phénomène historique. Et nous voulons aussi faire quelque chose de positif pour l'Afrique."

L'équipe se compose de 16 cyclistes, de deux entraîneurs, d'un conseiller externe et de divers autres membres. Le financement semble poser problème. Les cyclistes s'entraînent sur des VTT bas de gamme achetés au Kenya et, en guise de poids, soulèvent des cruches remplies de béton. Certains exercices se font avec de grosses pierres et des plaques de bois.

Selon Simon Blake, qui fait office d'entraîneur en chef, l'équipe se débrouille avec les moyens du bord. Le problème, dit-il, est de trouver des talents. L'équipe organise régulièrement des courses dans lesquelles les concurrents courent sur des vélos locaux peu maniables, les Black Mamba, en contre-la-montre pour remporter un prix en espèces et être admis en période d'essai au sein de l'équipe.

Les Kenyans Riders ont aménagé un circuit BMX dans leur camp en creusant la piste dans les forêts environnantes. Mais, pour Simon Blake, le projet aurait besoin d'un peu plus d'argent. "Si nous avions un budget pour la détection des talents, si Nick avait de l'argent pour acheter un vieux Black Mamba ou inviter un instructeur dans un restaurant, on pourrait s'améliorer", dit cet ancien coureur de fond australien devenu moniteur de cyclisme. "Nous savons que le talent est ici."

Au début, M. Leong était l'unique bailleur de fonds du projet. Mais, il y a quelques années, un directeur financier, Ferdinand Vermersch, et sa femme, Marie-Anne, s'y sont eux aussi investis. Selon Marie-Anne, le couple partage les idées de M. Leong, qui diffèrent nettement de la représentation traditionnelle de l'implantation occidentale en Afrique. "J'ai rencontré des gens qui œuvraient dans des associations caritatives, dit-elle, mais je me suis dit que ce n'était pas une solution de donner des vêtements ou de l'argent. Ça peut être utile, mais nous voulions faire quelque chose de concret."

Pour Simon Blake, l'originalité de l'équipe pourrait attirer d'autres bailleurs de fonds. "Les Kenyans Riders, une équipe entièrement noire ! Même si on n'est pas les meilleurs, avec ça, on pourrait se faire un maximum de publicité."



21/07/2012
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