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Des chercheurs américains mettent au point une thérapie supprimant l'addiction. Son principe : empêcher la nicotine d'atteindre le cerveau.

« Les gens ne ressentiront plus aucun plaisir à recommencer à fumer », s'enthousiasme le professeur Ronald Crystal. Ce chercheur, chef du service de médecine génétique d'une université new-yorkaise, travaille sur un vaccin capable d'annihiler l'addiction à la nicotine.

En inhalant la fumée, le fumeur absorbe de la nicotine. Celle-ci arrive dans les poumons, puis passe dans le sang et atteint le cerveau. Là, elle agit sur des « récepteurs de la récompense », provoquant une sensation de plaisir et l'envie d'allumer une autre cigarette. Le principe du vaccin : empêcher la nicotine d'accéder à ces récepteurs. « La meilleure façon de traiter cette addiction, confirme Ronald Crystal, c'est de faire patrouiller des anticorps qui nettoient le sang, avant même que la nicotine ne puisse avoir le moindre effet ».

D'ici cinq à sept ans ?

Nombre de laboratoires avaient travaillé sur cette idée, en vain. Pour une raison : la molécule de nicotine est si petite que le système immunitaire peine à la détecter, et donc à créer des anticorps en quantité suffisante.

L'équipe du professeur Crystal a expérimenté une technique fondée sur la thérapie génique. Plutôt que d'injecter directement l'anticorps anti-nicotine dans le sang, elle a extrait sa séquence génétique et l'a insérée dans un virus inoffensif. Cet agent, appelé vecteur de thérapie génique, a entraîné une réponse immunitaire et une production continue d'anticorps. La méthode a été testée pendant quatre mois, sur des souris dépendantes à la nicotine. Résultat : une baisse de 85 % du niveau de nicotine dans leur cerveau. De quoi supprimer l'addiction.

Le vaccin sera bientôt testé sur des primates, puis sur l'être humain (d'ici à deux ans environ). Si les essais cliniques sont concluants, il pourra être commercialisé dans cinq à sept ans.